Passion verticale à partager!

Lors d’un magnifique jeudi après-midi d’automne, bien ancrés sur le flanc de la Dizzy dans le secteur Mont Césaire, Amanda et Constantin suivent une formation de premier de cordée. Paul Laperrière, jugé en haut de la paroi, observe les néophytes et y va de quelques judicieux conseils ici et là. L’ambiance est relaxe, quelques éclats de rires font de temps en temps écho dans le parc régional de Val-David. Crédit : Sandra Mathieu
« Le parc régional est certainement le site québécois le plus agréable pour l’enseignement : un terrain compact et accessible, au cœur du village. Lorsqu’on a commencé, le site était peu développé. J’ai probablement ouvert environ la moitié des voies », confie Paul.

La passion de Paul Laperrière pour l’escalade va beaucoup plus loin que la pratique du sport. Il est au fil des décennies devenu un mordu invétéré et reconnu par ses pairs, autant au niveau du développement de la discipline que de la formation ici et ailleurs. C’est dans le parc régional de Val-David, son terrain de jeu de prédilection, qu’il a accepté de dévoiler quelques secrets, et de partager sa vision et son amour inconditionnel pour tous les aspects de la grimpe.

Le fondateur de l’école d’escalade Passe-Montagne, qui célèbre sa 40e saison d’activité, est tombé dans cette potion verticale à l’âge de neuf ans, alors qu’il explorait les environs du chalet familial à Val-David avec un ami de la famille. « J’avais un scrapbook dans lequel je collectionnais des photos et des images d’escalade. Val-David a toujours représenté mon deuxième chez moi et je savais que je m’y installerais un jour. »

Aujourd’hui âgé de 64 ans, Paul grimpe depuis 55 ans et enseigne depuis 46 ans. Celui qui a été juge au niveau international (il est le premier non-européen à avoir été président du jury pour le Championnat du Monde) salue l’arrivée de l’escalade aux Jeux Olympiques et, bien que la règlementation se soit standardisée, il concède qu’il y a encore à faire au niveau de la sensibilisation et de la sécurité.

« On voit beaucoup d’improvisation, déplore-t-il. C’est un sport qui s’est démocratisé et qui évolue constamment, autant au niveau du matériel que de la mentalité et de l’engagement. C’est primordial de toujours requestionner et de faire attention aux faux experts qui sévissent entre autres sur les médias sociaux. Je reste ouvert d’esprit, car il y a toujours du nouveau à apprendre et à expérimenter. Le Québec n’a rien à envier aux autres pays, on est très avancé en termes de normes et de sécurité. »

En plus du côté sécuritaire, lors de ses formations, Paul priorise l’efficacité. « Quand j’enseigne, la pédagogie est primordiale. Je simplifie au maximum pour que les néophytes apprennent les bonnes manœuvres, étape par étape, ensuite j’ajoute des détails pour qu’ils puissent se perfectionner à leur rythme. J’aime inclure des éléments historiques et géologiques à mon enseignement parce que ce parc est très riche. »

Passionné comme au premier jour

Paul passe tranquillement le flambeau de son école, mais il restera bien présent pour offrir de la formation et partager ses idées de développement. Il caresse également le rêve de participer à la création d’un centre d’escalade intérieur dans la région.

« Je me sens encore comme un enfant quand je suis sur les parois et je ne me lasse pas de la beauté des paysages. Je m’amuse autant quand je grimpe que quand j’enseigne. Je n’arrêterai jamais de grimper, aussi longtemps que mon corps me le permettra. » Quelques blessures et opérations au fil des ans n’ont pas eu raison de sa pratique.

Un 2e terrain de jeu

Depuis une vingtaine d’années, Paul se rend à Cuba où il développe la grimpe, principalement dans la Vallée de Viñales : ouverture de voies, formation, etc. Il travaille à la création d’une fondation, en collaboration avec des avocats américains et des guides cubains, pour aider le développement de l’escalade à Cuba. Il est devenu une référence de l’escalade dans ce coin de pays qu’il visite chaque année (il devra malheureusement faire relâche cette année). Plus récemment, il a aussi eu un coup de cœur pour l’Équateur où il a ouvert des voies et assisté à une compétition de grimpe féminine.

Ligne du temps

Instructeur FQME depuis 1976 et détenteur du brevet ACMG depuis 1980, Paul Laperrière fonde une PME en 1981 sur la rue Saint-Denis à Montréal, avec son frère et sa conjointe de l’époque. Au départ, l’entreprise se concentre dans les cours d’escalade et la location de matériel d’escalade et de plein air. Ils ajoutent ensuite le volet voyage jusqu’à la fin des années 90. Il a d’ailleurs participé à 14 expéditions en région arctique.

En 1989, le premier projet de mur d’escalade intérieur voit le jour à l’Université de Montréal, en collaboration avec Passe-Montagne, La Cordée, Patagonia et Merrell. Le Cégep André-Laurendeau emboîte le pas.

L’entreprise s’installe officiellement à Val-David au début des années 90. Le volet production de prises et de murs prend de l’ampleur et devient le cheval de bataille de l’entreprise. Paul se souvient des débuts, alors qu’il produisait chaque prise à la mitaine, sur son balcon.

Le volet production a été vendu en 2007 à des amis américains et Paul revient alors à ses premières amours : l’enseignement!

L’année 2015 marque la sortie de la nouvelle version du Guide des parois de Val-David. La dernière édition datait de 1994.

Le saviez-vous?

Paul et son frère André ont été figurants cascadeurs dans de nombreux films. André a d’ailleurs poursuivi une carrière dans le milieu cinématographique.

Plus d’infos : http://www.ecole-escalade.com/

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