Randonner en sécurité avec Bianca de Peak Secourisme

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Que vous partiez pour une randonnée d’une journée ou pour un séjour sur plusieurs jours, il est mieux de partir trop préparé que pas assez. On ne sait jamais quel imprévu peut arriver à n'importe quel moment. On en discute avec Bianca Petri, infirmière et fondatrice de Peak Secourisme, une entreprise qui a comme mission de promouvoir la sécurité dans les sports de plein air.

Quelles sont les erreurs que commettent les randonneurs lorsqu’ils s’aventurent sur les sentiers au Québec, et quels en sont les risques?

Beaucoup de gens sous-estiment le terrain qu’on a au Québec et dans l’est du Canada, comme nos montagnes sont moins grandes. Quand les gens partent pour des sorties de 5 ou 10 km, j’ai l’impression qu’ils sont moins préparés et que souvent, ils n’amènent rien.

Puis, étant donné qu’il y a souvent des stationnements à l’entrée des sentiers de randonnée, les gens ont l’impression qu’on reste en civilisation, que l’ambulance est proche, qu’on a du réseau partout en montagne ou que l’aide est à portée de main.

Cependant, il peut arriver qu’une personne glisse, se blesse ou bien se tourne une cheville au sommet d’une montagne, à 5 km de l’entrée. On sous-estime le temps que peut prendre l’arrivée de l’aide. Descendre quelqu’un de blessé peut être très difficile et complexe. Puis, on sous-évalue aussi l’émotion ou la panique qu’on ressent lorsqu’un imprévu comme cela arrive.

Il faut savoir que même si la route est à proximité, c’est compliqué pour les secours d’apporter de l’aide en montagne.

De plus, au printemps, la météo est très changeante. Rapidement, on peut se retrouver trempés, on peut prendre froid ou encore se faire prendre par la noirceur. C’est souvent là qu’on prend de mauvaises décisions.

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Quels sont tes conseils pour partir mieux préparé et prêt à faire face à toute éventualité?

Il y a trois volets que je conseille lors de mes conférences et ateliers.

Premièrement, avant de partir, il faut se demander : quels sont mes besoins personnels? Par exemple, est-ce que j’ai besoin de beaucoup d’eau quand je pars en randonnée? Est-ce que j’ai besoin de beaucoup de calories? Est-ce que j’ai une condition médicale spécifique qui nécessite un médicament, comme un EpiPen par exemple?

Deuxièmement, il faut regarder les prévisions météorologiques. Il faut s’assurer que notre équipement fonctionne en conséquence. Par exemple, est-ce que notre coquille a besoin d’être réparée ou nettoyée?

Troisièmement, c’est important d’examiner et de s’informer sur le terrain vers lequel on s’en va. Est-ce que c’est en région éloignée? Est-ce que les ressources sont accessibles? Est-ce qu’on a des amis qui sont déjà allés? Puis, on s’adapte en conséquence. Un 5 km à Bromont n’est pas la même chose qu’un 5 km dans les monts Chics-Chocs. Le terrain est différent et les besoins sont différents.

Quels vêtements devrait-on porter lorsqu’on part en randonnée au printemps?

Au printemps comme à l’hiver, je prône le système multicouche. Tu t’habilles avec des couches que tu peux enlever ou ajouter selon tes besoins et la température.

Ta couche de base est là pour évacuer l’humidité. C’est la première couche que tu mets sur ta peau.

Ensuite, tu as ta couche isolante qui servira à te garder au chaud. Celle-ci peut-être en synthétique ou en duvet. Mais il faut savoir que le synthétique sera plus adapté lorsqu’on bouge et qu’on a chaud. Les plumes du duvet, quant à elles, perdent de leur efficacité lorsqu’elles sont mouillées. On utilise donc le duvet lorsqu’on est en haut de la montagne, par exemple, ainsi que dans des conditions sèches.

Finalement, ta couche externe te protégera de toutes les intempéries comme la neige, la pluie, le vent et l’humidité.

Il faut retenir que chaque personne a des besoins différents et que mon système n’est pas le même que celui de mon ami.

Une astuce : J’ai souvent tendance à apporter une deuxième paire de bas. Si j’ai froid au pied, je vais avoir froid partout. Puis, j’amène toujours dans mon sac une couche de base en mérinos supplémentaire dans un sac étanche. Si je suis trempée et que j’ai froid, au moins je peux me changer rapidement. Ce n’est pas le fun se changer, mais quand tu le fais et que ta couche de base est sec, tu te sens vraiment mieux!

Dans ton sac à dos, quels sont les éléments essentiels que tu emmènes toujours avec toi?

  • Évidemment, j’apporte toujours une trousse de premiers soins. Je module la trousse selon mes besoins et la randonnée que je vais faire.
  • La lampe frontale est aussi un indispensable si jamais je me fais prendre par la noirceur.
  • Des collations en masse, comme des barres tendres ou des jujubes.
  • De l’eau. J’aime avoir un petit paquet de pastilles pour traiter l’eau qui est toujours dans mes sacs à dos. Ça permet de désinfecter l’eau, au cas où j’en aurais besoin et ça ne prend pas de place.
  • Une couche supplémentaire et une paire de bas en extra.
  • Au printemps, j’aime bien avoir un couvre sac-à-dos pour m’assurer que tout reste au sec.
  • Des médicaments d’urgence si besoin. S’il fait froid, c’est bien de l’avoir proche de soi et que ce soit accessible facilement.
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As-tu quelques conseils supplémentaires à partager?

S’assurer de toujours avertir et informer quelqu’un lorsqu’on part en randonnée. On donne l’endroit, notre plan, l’heure à laquelle on pense revenir ainsi que l’heure à laquelle il faut demander de l’aide. C’est ce qu’on appelle un ange-gardien.

Également, si vous partez pour des plus longues expéditions où il n’y a pas de réseau, un Garmin inReach peut-être un bon investissement. Je l’amène partout avec moi. Mes proches peuvent avoir ma localisation, je peux texter, télécharger des cartes, etc. (Ça fonctionne par communication satellite.) On peut se le procurer dans plusieurs magasins de plein air. Puis, s’il y a une urgence, il y a un bouton SOS qui va envoyer un signal au secours.

Je conseillerais aussi aux gens qui partent à deux ou plus de communiquer. Il ne faut pas hésiter à poser des questions pour savoir comment ça va, faire des « check up », s’arrêter pour boire de l’eau ou manger.

En résumé, il faut se préparer pour avoir toutes les chances de son côté au cas où un imprévu arrive.

Bianca Petri est fondatrice de Peak Secourisme et passionnée de plein air. Infirmière bachelière graduée de l’Université de Montréal, elle est certifiée en RCR\DEA et secourisme en région éloignée. De plus, Bianca est une instructrice certifiée avec la Société de Sauvetage du Québec et offre des formations de premiers soins.

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