Pour Patrick Garon, Montréalais originaire de Malartic, « Noël n’est pas vraiment Noël si on ne va pas en Abitibi ». Pour lui et sa famille, tout tourne autour des activités extérieures et de la neige. « Une année, j’étais tellement heureux de montrer à ma fille de deux ans la belle neige! Elle était si blanche qu’on l’avait même mangée! C’est difficile à croire quand on habite Montréal », témoigne le père de famille.
Le temps des Fêtes est certainement le moment de l’année où l’Abitibi-Témiscamingue reçoit le plus de visite. La « diaspora » abitibienne revient au bercail pour renouer avec la famille et les vieux amis, et en profite pour se réconcilier avec sa nordicité.
Cependant, il est pratiquement impossible de chiffrer cette affluence, explique Claudine Gagné de Tourisme Abitibi-Témiscamingue. « Le tourisme dans le temps des Fêtes est tout aussi important que celui en saison estivale, mais il est différent. Pour avoir des statistiques sur l’achalandage, on utilise normalement les chiffres liés à l’affluence dans les hébergements et dans les attraits. Pendant les Fêtes, généralement, les gens vont dormir chez de la parenté, donc c’est difficile de chiffrer. »
Avec ses pistes de ski de fond, ses sentiers de raquette, son sentier glacé à patiner, sa glissade sur tube et son feu de foyer extérieur, la forêt récréative devient un lieu de rassemblement de prédilection. « Beaucoup reviennent passer leurs vacances dans leur ville natale ou beaucoup de gens apportent leur famille d’autres régions. Habituellement, c’est la période la plus forte de l’année », constate la régisseuse du site Nathalie Perreault.
Dans les arénas de Val-d’Or, le taux de fréquentation augmente considérablement durant le temps des Fêtes, souligne Steve Toulouse, régisseur des arénas du Service sports et plein air de la Ville de Val-d’Or. « À titre d’exemple, habituellement nous avons en moyenne entre 400 et 500 personnes par semaine et durant la période des Fêtes nous parlons de 1000 à 1200 personnes par semaine. C’est probablement dû aux familles en visite et aux congés scolaires », dit-il.
Chaque famille son rituel
L’Abitibi et sa visite gravitent donc autour de la neige et la bouffe de la fin décembre à début janvier. Les plats traditionnels cohabitent avec les retrouvailles des amitiés du secondaire en plein air, au restaurant à déjeuner ou à la microbrasserie du coin.
Valérie Deault, Montréalaise originaire de Val-d’Or, revient, elle aussi, chaque Noël. Elle apprécie la messe de Noël avec sa famille. « C’est la seule fois de l’année qu’on y va, mais ça reste un moment important. La tradition reste que j’essaie de faire rire ma sœur avec des niaiseries en pleine messe alors qu’elle se retient avec des fous rires », confie-t-elle.
Sa famille chérit aussi une panoplie d’autres petites traditions hivernales et « gastronomiques ». Le lendemain de Noël, Valérie Deault tartine ses rôties de mousse aux crevettes et les savoure accompagnées de salade de patates. Une autre journée, sa famille se rassemble en forêt autour d’un feu sur lequel on grille des sandwichs au baloney. « Un classique! ». Le temps des Fêtes fait également émerger une ferveur momentanée pour le hockey dans le clan des Deault. Tout le monde dehors devant les buts, raconte Valérie Deault. « On sépare la famille en deux équipes et on joue! Équipés de bâtons de hockey pour enfant, d’un balai de curling, d’un bat de baseball en plastique ou de tout autre objet pouvant servir de bâton, on essaie de compter des buts avec un vieux ballon flat. »
Danaë Ouellet, quant à elle, fait partie de ceux et celles qui reçoivent la visite. Pour en mettre plein la vue aux oncles et aux tantes de Québec et Montréal, tout en satisfaisant les membres de la famille qui habitent le 48e parallèle à l’année, on opte pour la promenade en carriole à Berry, près d’Amos. « Être dans le bois, chanter des chansons de Noël et tirer sur des branches de sapin et faire tomber la neige sur tout le monde, c’est vraiment une tradition du temps des Fêtes. Au Chenil du Chien-Loup, Éric, le propriétaire, nous fait arrêter dans un petit espace où il y a un poêle à bois et de la soupe maison. C’est génial! », décrit-elle avec enthousiasme.
Rituels renouvelés
Avec les années qui passent, les rituels se renouvellent et se diversifient. Les mères professionnelles et actives préfèrent parfois consacrer plus de temps aux aventures extérieures qu’à la cuisine. Qu’à cela ne tienne, elles achètent des pâtés faits maison aux marchés de Noël de novembre ou dans une boutique fine locale. Désormais, grâce à des entreprises locales créatives comme la microbrasserie Le Prospecteur, la distillerie Alpha Tango et les Tauries, les Abitibiens peuvent aussi boire des alcools et des mocktails « maison ».
À la messe, la chorale de l’église Saint-Sauveur a pris des couleurs et un air gospel dans les dernières années, alors que ses membres sont maintenant principalement issus de familles africaines. Le plaisir n’en est que décuplé en jumelant un recueillement traditionnel à échange communautaire et culturel.
Dehors, à l’intérieur et dans nos cœurs, il n’y a pas de doutes, le Noël abitibien fait prendre des couleurs!