Le tronçon Matawinie, d’une longueur d’environ 19 km, lance le bal pour la création d’un tracé qui sillonnera la province, d’Ottawa à Cap Gaspé, à travers une myriade de territoires sauvages et d’écosystèmes d’une biodiversité incroyable.
Aujourd’hui, même si le projet n’est pas encore complété, le réseau Sentier National au Québec compte plus de 1 650 km qui nous permettent d’explorer au rythme de nos pas plusieurs régions : l’Outaouais, les Laurentides, Lanaudière, la Mauricie, Québec, Charlevoix, les Escoumins, le Bas-Saint-Laurent et la Gaspésie. Que ce soit pour quelques heures, quelques jours ou même quelques semaines pour les plus aguerris, ce long tracé est l’excuse parfaite pour une escapade en pleine nature.
Dans cette série de cinq articles, nous vous invitons à vous immerger dans l’arrière-pays des régions que traverse ce long sentier et, qui sait, peut-être serez-vous tenté d’aller y visiter ne serait-ce que quelques kilomètres et d’y vivre une aventure à pied.
Au cœur de Lanaudière
Le Sentier National au Québec traverse Lanaudière en y connectant 15 tronçons de sentier, totalisant environ 230 kilomètres. Seulement dans la région, on y compte maintenant plus de 13 refuges (sur réservation), 12 abris rustiques et plusieurs sites de camping sauvage sur plateforme ou au sol, permettant à tous les niveaux de randonneur d’y trouver leur compte, d’y pratiquer la longue randonnée sur une section ou même d’une extrémité à l’autre.
L’extrémité ouest prend naissance sur le chemin Nordet, près de Lac Supérieur et débute avec le sentier Intercentre, qui chevauche la frontière avec les Laurentides. Ce secteur accueille les randonneurs avec une série de sommets qui en mettent plein les jambes et plein la vue : montagne Tête Blanche, montagne Grise, montagne Blanche et montagne Noire. Entre ces montagnes aux noms plutôt monochromes, on se plonge dans un arc-en-ciel de verdure, traversant des érablières, avançant parmi les grandes fougères et longeant des lacs sauvages où il fait bon prendre une pause et se rafraîchir. On peut également y visiter le site historique de l’écrasement du Liberator, datant de 1943.
Des défis à profusion
Le sentier enjambe le mont Ouareau puis entre ensuite dans la Forêt du même nom, par l’entrée nord située à Notre-Dame-de-la-Merci. On y zigzague sur le tronçon du Massif en passant par de nombreux points de vue pour finalement enjamber la rivière Ouareau sur le fameux pont suspendu qui a donné son nom au secteur. C’est ici que l’on franchit le pas vers les terres de la couronne, sur le Sentier des Contreforts. Cette section porte bien son nom! On traverse les reliefs acérés des épaules des monts qui nous entourent, qui nous en mettent plein les mollets. Une fois franchi cet ardu passage de 24 km, on enjambe un dernier obstacle, la montagne du Tranchant, puis une belle récompense nous attend après avoir sué abondamment. La rivière Swaggin nous accueille à bras ouvert pour nous rafraîchir de son eau claire et s’y tremper les jambes. Quel bonheur de longer les rapides et d’y marcher au son de l’eau qui clapote entre les roches!
Le berceau du Sentier National
Une succession de petits tronçons nous plongent ensuite au cœur de la Matawinie : La Boule, Les Perces-Brumes et l’Ours, nous faisant visiter au passage quelques pourvoiries de la région qui offrent au passant des refuges en location à la nuitée. Le tracé passe tout près au nord du village de Sainte-Émélie-de-l’Énergie. Lieu de ravitaillement idéal pour le randonneur de longue durée, cette communauté est également la porte d’entrée pour explorer les sentiers qui y prennent naissance. C’est en effet là que débute le berceau du Sentier National : le tronçon Matawinie. D’une longueur de 18 km, il sillonne une crête rocheuse qui s’étend tout en haut de la vallée où se trouve la route 131. Outre les points de vue à couper le souffle, on y rencontre une variété incroyable de champignons sauvages, d’innombrables talles de bleuets et une abondance de lichens aux milles teintes de vert.
Tout au bout de cette section, on débouche à l’entrée du parc des Sept Chutes. On peut y traverser la route et profiter d’une visite dans ce parc où deux refuges ont récemment été construits pour accueillir ceux qui souhaitent y allonger leur séjour. Le Sentier National quant à lui, nous emmène plutôt à travers la Zec des Nymphes. Tellement peu fréquenté, on y marche sur un couvert de mousse à travers une dense forêt de conifères aux odeurs sucrées puis le sentier s’enfonce ensuite dans un territoire encore plus sauvage… la réserve faunique Mastigouche.
Seul au monde
C’est sans aucun doute la section la plus reculée du Sentier National au Québec. Ici, aucun réseau cellulaire, on y trouve une solitude complète et totale, nous donnant davantage de chance d’y croiser un orignal qu’un humain. Sur plus de 40 km, on y évolue de lacs en lacs, s’arrêtant dans les abris rustiques à trois côtés construits à l’usage exclusif des randonneurs. Les plus aventureux mériteront d’y découvrir un trésor bien gardé, le refuge Grand Masti, qu’il est possible de réserver via l’organisme Rando Québec. Accessible seulement à pied, il faut marcher une distance considérable de part et d’autre du tracé pour l’atteindre et y passer la nuit au chaud, entre ces solides murs riches d’histoire, debout depuis les années 1940.
On touche enfin la frontière avec la Mauricie sur la section la plus panoramique de la région : le sentier du Tonnerre. Les falaises Vianney Guillemette, joyaux du Sentier National au Québec, offrent une vue imprenable sur l’immensité sauvage de la réserve faunique. C’est ici que le tracé quitte Lanaudière et continue plus loin que nos pieds ne peuvent l’imaginer… traversant le Québec jusqu’au bout du monde, à Cap Gaspé…
Vous trouverez toutes les ressources pour planifier votre itinéraire, les contacts des gestionnaires de territoire ainsi que les cartes détaillées à un seul et même endroit : Balise Québec (baliseqc.ca).