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Yukon : Odyssée

Alex au Sommet de Sheep Mountain.
Par Alex Godard Quand je pense au Yukon, je pense aux glaciers, aux lacs turquoise, aux montagnes sans fin, aux rivières à traverser, au soleil qui ne se couche pratiquement jamais et aux espaces sauvages. Si je vous disais qu’il existe une randonnée de 80 km où tout ça est rassemblé!

Je parle du sentier Ä’äy Chù (Slim’s River) West qui se trouve à moins de trois heures de voiture de Whitehorse, la capitale. Au fil des prochaines lignes, je me replonge dans mes souvenirs pour vous parler de ce coin de pays qui fut l’une de mes premières longues randonnées.

LE GRAND DÉPART

En quittant Whitehorse, j’arrête au bureau du Parc National de Kluane pour payer les frais d’entrée. Je me rends ensuite au départ du sentier de Sheep Mountain. Normalement la randonnée commence 20 km plus loin dans la forêt, mais j’ai ajouté cette portion pour gravir ce sommet et marcher sur sa crête qui offre une vue imprenable. On peut y voir le courant blanc latté de la Slim’s River se mélanger au bleu turquoise de Kluane Lake : un spectacle incroyable! Après une bonne nuit de sommeil de l’autre côté de la montagne, je continue mon parcours en remontant la rivière jusqu’à la base d’Observation Mountain. Cette portion est la plus facile de l’expédition étant donné son manque de dénivelé et son sol sablonneux. Quelques rivières et ruisseaux à traverser, mais rien d’épeurant étant donné que je les ai traversés en début de journée avec un niveau d’eau très bas. Je reviendrai sur ce sujet un peu plus tard (lorsque les choses vont se corser), mais pour l’instant ma plus grosse inquiétude ce sont les sables mouvants.

UNE PÉRIPÉTIE QUI SE TERMINE
BIEN

Après plusieurs kilomètres à marcher le long de la rivière, mon amie Lisa (que j’ai rencontrée la journée précédente) commence à s’enfoncer en marchant. Rapidement, je me dépêche de sortir de la zone où elle se trouve en me disant qu’elle va s’en sortir. Je vois vite que je dois intervenir. Je place mes pieds solidement et écartés l’un de l’autre pour tendre la main à Lisa (maintenant enfoncée jusqu’aux genoux). Heureusement, avec un peu de force, elle réussit à s’en sortir avec ses deux souliers. On a eu plus de peur que de mal et aujourd’hui c’est une expérience dont on parle en riant.

Alex aide son amie à se sortir des sables mouvants.
Alex aide son amie Lisa à se sortir des sables mouvants.

DES PAYSAGES À COUPER LE
SOUFFLE

Troisième journée, celle que j’attendais avec impatience : les paysages qui m’ont convaincu de faire cette randonnée et je n’ai pas été déçu. La journée commence drastiquement avec une traversée de rivière qui se divise en de nombreuses branches. Étant le matin, tout se passe bien telle la journée précédente, au maximum l’eau atteint mes genoux. De l’autre côté de la rivière, je recherche le début de l’ascension, située plus loin que je pensais. Elle se fait bien, mais parcellé d’aller-retour pour grimper la partie la plus abrupte de la montagne pour arriver sur un grand plateau.

LA RÉVÉLATION

Eh non ce n’est pas encore la fin : quelques kilomètres plus tard dans ce paysage toundrique pour enfin percevoir un mur blanc sur ma droite. Je sais ce que c’est : c’est LA raison pour laquelle je suis venu ici, mais je décide de ne pas regarder, je veux garder la surprise pour le sommet. C’est finalement du « un faux sommet » que je me tourne vers cette présence blanche. C’était au-delà de mes attentes, mais je vais vous garder la surprise pour le VRAI sommet. Je prends une bouchée et je me remets en marche, cette fois-ci je le vois très bien devant moi; j’y suis presque. Les derniers pas et… Wow, wow, wow! C’est tout ce qui sort de ma bouche. L’un des plus beaux paysages que j’ai vu de toute ma vie, encore à ce jour. En dessous de moi, je peux voir un énorme glacier qui se sépare entre les montagnes et qui n’en finit plus. On peut voir les crevasses sur celui-ci, mais aussi le contraste entre la glace et la pierre : de belles lignes noires et blanches, un paysage irréel. Comme si ce n’était pas déjà assez, à la base de ce géant glacé on peut remarquer de petits lacs bleutés (formés par la fonte) à perte de vue au travers des montagnes, dont le plus haut sommet du Canada que l’on peut contempler au loin : le Mont Logan.

Alex de dos regarde le glacier

LE RETOUR

J’admire un moment, mais en sachant que je dois me dépêcher à redescendre. Car plus j’attends, plus la rivière va s’intensifier avec la fonte des sommets enneigés. J’ai été gâté; elle m’attendait tout en grandeur, mais surtout de toute son étendue qui avait doublé. Encore une fois plus de peur que de mal : j’ai quand même eu de l’eau jusqu’aux hanches, mais avec un peu de technique, je m’en suis sorti sain et sauf. Dernière journée, c’est maintenant le temps du retour. Je refais le chemin à l’envers : forêts, sable, rivières et enfin, la voiture. Le repas va être bon et va m’aider à reprendre des forces : ce voyage se solde avec 13 montagnes et 250 km de randonnée.

Je vous invite à découvrir l’histoire complète dans mon film « Yukon : Odyssée », disponible gratuitement sur ma chaine YouTube Alex Godard.

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