Via Ferrata du Diable : une Grande Virée à flanc de montagne

Crédit photo : Emmanuel Daigle

Comment mieux expérimenter la via ferrata de Mont-Tremblant qu’avec un des premiers formateurs des équipes de guides locaux. Immersion dans les coulisses de la Grande virée en compagnie de l’Adélois Emmanuel Daigle, moniteur de via ferrata accrédité par la FFME (Fédération Française de la Montagne et de l’Escalade), guide accrédité par l’ACMG et formateur en premiers soins.

Munis d’un baudrier, d’une longe et d’un casque, les membres de notre petit groupe de six traversent un à un la Passerelle de la chasse-galerie pour se rendre de l’autre côté de la rivière du Diable afin de parcourir la paroi école, question de bien comprendre les rouages de l’activité et l’importance de la sécurité à chaque instant. Emmanuel, qui a lui-même accompagné des groupes pendant deux ans, me pointe le grand mur, point culminant de notre cheminement à deux cents de mètres de hauteur. Je me sens toute petite face à cette impressionnante falaise! Je respire un bon coup pour calmer mon vertige naissant qui disparaîtra aussi vite qu’il est arrivé!

Défier la Vache noire!

Sous l’œil attentif de notre guide Vincent, nous apprenons rapidement à bien manier les deux mousquetons sur la ligne de vie et nous devenons très vite des apprentis grimpeurs confiants grâce à la technique enseignée et aux nombreux échelons, rampes et pédales installés à profusion dans des endroits stratégiques sur la paroi de la Vache noire.

Aujourd’hui, pendant un peu plus de cinq heures, nous progresserons sur ce parcours aménagé sur un kilomètre. Ancrages, poutres, passerelles, pont de singe et pont népalais permettent une progression sécuritaire et offre une vue spectaculaire sur la rivière sinueuse et les montagnes avoisinantes. Les plus aventuriers ou les grimpeurs plus aguerris peuvent également, sur certains passages, contourner ces aides artificielles et tenter d’utiliser seulement les cavités naturelles dans la roche.

Des panneaux d’interprétation éducatifs sont installés à quelques endroits sur le parcours permettant au passage de faire une pause et de découvrir des aspects intéressants de la géologie et du paysage montagneux environnant. Perso, j’ai eu un coup de cœur pour le coup d’œil sur le mont Éléphant qui porte bien son nom!

Au fil de la progression, Emmanuel partage une panoplie d’anecdotes vécues sur le parcours et souligne le travail de moine de l’entreprise Prisme, leader mondial en design et construction de via ferrata. Ces architectes d’expérience en hauteur ont aussi conçu les ancrages et installé l’équipement sur les via ferrata au Saguenay, à Charlevoix et ailleurs dans le monde. Le fondateur de l’entreprise internationale, M. Berger lui-même, a même mentionné que les parcours québécois n’ont rien à envier à ceux que l’on trouve en Europe!

La sécurité avant tout

Régulièrement, nous apercevons des coffres qui contiennent tout le matériel d’évacuation et de premiers soins qui sont à disposition des guides à différents endroits sur la montagne pour faciliter une éventuelle évacuation. Nous ferons en sorte d’éviter de se rendre là en restant attentif à chacun de nos mouvements, tout en réalisant la chance que nous avons d’explorer ce secteur du parc.

D’ailleurs, le lendemain de notre visite, Parcours aventures, les opérateurs de la via ferrata, tenait sa pratique annuelle du plan des mesures d’urgence. Un exercice de sauvetage d’envergure en paroi et au sol qui mobilise leur équipe, ainsi que celle de la Sépaq, les pompiers et parfois les ambulanciers. De quoi nous mettre en confiance!

Démocratiser les sports de montagne

« Les parois rocheuses et les falaises représentent des milieux naturels fascinants, mais inaccessibles pour la plupart d’entre nous, souligne Mylène Pronovost, directrice du parc national de Mont-tremblant. C’est dans la perspective de faire découvrir et de rendre ce secteur du parc accessible à un plus grand nombre de visiteurs que le parcours de via ferrata a été aménagé. »

De plus, ce type d’aménagement minimise les risques d’impacts sur le milieu puisqu’il utilise une seule voie pour accéder à la paroi rocheuse.

Info : www.tremblant.ca/fr/quoi-faire/activites/via-ferrata

Petite histoire

La première génération de via ferrata débute en Autriche en 1843 avec la pose des premiers équipements sur la voie normale du Hocher Daschein. En 1869, c’est au tour du Stüdli, sur l’arête reliant les deux sommets faciles du Grossglockner, le plus haut sommet d’Autriche.

En Italie, les premières vie ferrate sont apparues dans le massif des Dolomites vers 1914 et ont une origine stratégique. Les militaires italiens avaient, en effet, équipé d’immenses parois de câbles et d’échelles pour faciliter le déplacement de leurs troupes alpines ainsi que du matériel (parfois même des canons !). Devenues militairement inutiles, ces voies italiennes sont maintenant exploitées et entretenues par les communes et des bénévoles à des fins touristiques. Les clubs alpins locaux en ont aussi développées d’autres. En Europe, plusieurs des via ferrata sont en accès libre et autonome. * Source : www.viaferrata.org

Dans les années 90, on voit apparaître les parcours aménagés que l’on connait aujourd’hui pour attirer une clientèle néophyte et familiale. C’est en 2007 que le parc national de Mont-Tremblant fait appel à Prisme pour la conception et l’aménagement. La via ferrata du Diable a été inaugurée en 2008 et est opérée par les guides certifiés de Parcours aventures.

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