Par Laurence Burton, fondatrice d’Un goût de forêt et autrice du livre du même nom
Thé du Labrador
Le thé du Labrador est devenu très populaire dans les dernières années dans la cuisine nordique, auprès des restaurateurs, des distillateurs et même des industries pharmaceutiques et cosmétiques, en raison de la découverte de ses puissantes propriétés antioxydantes. Sa cueillette commerciale est maintenant réglementée et les entreprises qui souhaitent commercialiser le thé du Labrador doivent maintenant se procurer un permis. Toutefois, comme particulier, vous n’avez pas à vous procurer de permis. Faites-en tout de même une cueillette consciente, considérant sa grande popularité.
Le thé du Labrador est assurément une de mes tisanes sauvages boréales préférées. Son goût résineux est réconfortant. C’est aussi un précieux allié pour les sportifs d’hiver en fin de journée : une tisane des feuilles soulage la douleur en général (action analgésique) et est calmante (effet légèrement sédatif). Ce qui en fait une parfaite tisane à boire autour du feu avant d’aller se coucher. D’ailleurs, en anglais, le thé du Labrador est notamment appelé « storytelling tea », en référence certainement au fait qu’il était consommé le soir, au moment de se raconter des histoires avant le coucher.
Pour préparer la tisane, utilisez l’équivalent d’une cuillère à table de feuilles fraîches par tasse d’eau chaude, ou 1 cuillère à thé de feuilles séchées. Placez les feuilles dans un récipient de votre choix, versez-y l’eau bouillante tout juste retirée du feu, et laissez infuser 10 minutes, pour ensuite filtrer et dégustez autour d’un bon feu.
Attention : il est recommandé de ne jamais faire bouillir les feuilles, ce qui pourrait dégager des constituants nocifs et rendrait la tisane très amère. De plus, la tisane de thé du Labrador est à consommer avec modération, pas plus de trois tasses par jour, et pas tous les jours. À éviter en cas de grossesse, d’hypotension ou d’hypertension artérielle (et de prise de médicaments reliés à ces conditions), ou en cas de prise de barbituriques.
Il est important de ne pas confondre le thé du Labrador avec le kalmia à feuilles étroites (Kalmia angustifolia), toxique, qui garde aussi ses feuilles en hiver. Toutefois, le kalmia n’a aucun poil sous ses feuilles, alors que le thé du Labrador possède un duvet devenu roux en hiver.
Sapin baumier
Le sapin baumier (Abies balsamea de son nom scientifique) est un conifère très fréquent dans nos forêts québécoises. C’est aussi notre fameux arbre de Noël! Vous le reconnaîtrez à ses aiguilles plates (qui ne roulent pas entre les doigts), au bout arrondi, réparties sur deux rangs, et à son tronc lisse couvert de petites vésicules remplies de résine liquide.
Vous pouvez cueillir ses aiguilles tout l’hiver et en faire une tisane délicieuse (les aiguilles peuvent être utilisées fraîches ou séchées). Pour ce faire, utilisez l’équivalent d’une cuillère à table d’aiguilles fraîches par tasse d’eau chaude, ou 1 cuillère à thé de feuilles séchées. Placez les aiguilles dans un récipient de votre choix, versez-y l’eau bouillante tout juste retirée du feu, et laissez infuser 10 minutes, pour ensuite filtrer et dégustez.
La tisane de sapin baumier est aussi une précieuse alliée l’hiver : elle est utilisée en herboristerie pour aider à soulager les maux de gorge et guérir les infections du système respiratoire, en plus d’être expectorante (aide à sortir les mucosités des voies respiratoires par la toux).
Attention : il est important de ne jamais faire bouillir les aiguilles, ce qui pourrait dégager des constituants nocifs et rendrait la tisane très amère. Il est conseillé de ne pas boire plus de trois tasses de tisane par jour. À éviter en cas de grossesse. Ne pas confondre le sapin baumier avec l’if du Canada (Taxus canadensis), un arbuste toxique ressemblant à un jeune sapin. Toutefois, l’if du Canada ne dépasse jamais la taille d’un petit arbuste, n’a pas de réel tronc (mais plutôt une tige légèrement arquée vers le bas), produit parfois des arilles rouges, et n’a pas l’odeur caractéristique de conifère du sapin baumier.
Thé des bois
Le thé des bois est une petite plante ne mesurant en moyenne pas plus de 10 cm, dont les feuilles cireuses et coriaces persistent en hiver sur le plant (d’où son nom anglais de « wintergreen ».). Vous pouvez encore en trouver au sol en automne ou l’hiver lorsque le niveau de neige est bas, et que vous voyez pointer ses petites feuilles. Elle est très abondante dans la forêt boréale.
Les feuilles de thé des bois contiennent du salicylate de méthyle, un composé qui leur donne un goût très caractéristique mentholé que l’on retrouve en mangeant les fameux bonbons « paparmane rose ». Ce composé est très proche de celui contenu dans l’aspirine (acide acétylsalicylique) et a une action similaire : il est ainsi anti-inflammatoire, antispasmodique et analgésique. Une tisane de thé des bois peut donc soulager les douleurs en général et les spasmes musculaires, ce qui en fait donc une excellente alliée des sportifs d’hiver !
Pour préparer la tisane, déchirez les feuilles en petits morceaux (ou cisaillez-les) ; cela permet de mieux extraire la saveur des feuilles qui sont très coriaces. Utilisez l’équivalent d’une cuillère à table de feuilles fraîches hachées par tasse d’eau chaude, ou 1 cuillère à thé de feuilles séchées. Placez les feuilles dans un récipient de votre choix, versez-y l’eau bouillante tout juste retirée du feu, et laissez infuser 10 minutes, pour ensuite filtrer et dégustez.
Attention : Il est recommandé de ne pas boire plus de deux tasses de tisane par jour. À éviter complètement en cas de prise d’anticoagulants, de grossesse et d’allergie à l’aspirine.
Le thé des bois peut être confondu avec quelques autres plantes, mais en cas de doute, déchirez ses feuilles : aucune plante ne lui ressemblant beaucoup possède cette même odeur caractéristique mentholée.
Avant de vous aventurer
Pour plus de détails sur les arbres et plantes présentés dans cet article, sur les précautions à prendre avant de faire de la cueillette sauvage et comment faire une cueillette éthique, vous pouvez vous procurer le livre Un goût de forêt : Identifier, récolter et régénérer les plantes comestibles du Québec paru aux Éditions de l’Homme et disponible dans toutes les grandes librairies ainsi que sur divers sites Web.
Info et calendrier d’ateliers et de formations : ungoutdeforet.com