Les saisons de la récolte : vers de nouvelles tendances

Courge et cie
Au Québec, la vie est réglée sur les arrivages successifs des récoltes de la mer et de la terre. La nature nous guide souvent mieux que le calendrier, puisqu’elle sait s’adapter aux rapides changements climatiques.

La véritable annonce du printemps survient chaque année avec la saison des sucres, alors que la neige fuit vers les ruisseaux bordés des premiers trilles et des quatre-temps. Débarquent ensuite sur nos tables ces délices incomparables que sont le crabe des neiges et le homard. Les savoureuses têtes de violon ne l’emportent pas sur les fraises du Québec, qui se valent l’adhésion enthousiaste de tous les gourmands.  

Les traditions évoluent avec le temps et c’est de plus en plus la délicate camerise qui remporte l’engouement des mordus de petits fruits. Si savoureuse et facile à cueillir. On enchaîne rapidement avec le bleuet. Le roi des fruits sauvages n’est pas notre exclusivité, mais disons qu’il s’agit quand même d’une spécialité bien québécoise. Gadelles, framboises, amélanches, cassis, noisettes et autres meublent l’entre-saison jusqu’à l’automne, alors que la terre exulte en couleurs et en goûts. 

Crédit : Les fraîches du Québec

Et l’automne! 

Voilà arrivé le temps des récoltes. Les arbres ploient sous la charge des fruits. Les champs débordent de légumes et de céréales. Avec une douce langueur, ils passent du vert au doré jusqu’à imiter les rayons du couchant.  

De Ville-Marie à Gatineau. De Saint-Eustache à Berthier. De La Pocatière à Matane… Tout au long de la Vallée du Saint-Laurent et dans les hautes-terres, les horticulteurs ainsi que plusieurs agriculteurs ouvrent leurs champs à la visite afin qu’elle participe aux récoltes. 

Cette activité familiale par excellence représente beaucoup plus qu’une curiosité locale ou qu’une occasion pour le voisinage de faire des provisions et des économies. L’autocueillette saisonnière s’impose désormais comme une véritable industrie touristique qui n’a rien à envier à la période des sucres en matière de popularité et de festivités. Des touristes de partout au Québec profitent de cette saison pour conjuguer un séjour en auberge, une fin de semaine de vélo, de rando ou de visite familiale, à un arrêt chez un producteur agricole afin d’y remplir quelques sacs de pommes ou de maïs.  

Les plus chanceux de tous sont les adeptes d’agrotourisme, comme les campeurs membres de Terego, qui ont le privilège de camper au milieu des vergers ou des vignobles, dans un environnement infiniment bucolique. 

Une véritable fête! 

Je m’étonne souvent de constater que plusieurs producteurs font bien plus que de nous offrir un sac ou un panier à notre arrivée, puis de nous collecter à la sortie. Plusieurs proposent maintenant une véritable expérience familiale qui va de la balade dans le verger en voiture à cheval ou tirée par un tracteur, jusqu’à la restauration qui permet de découvrir les façons traditionnelles ou originales de déguster les merveilles de la terre. 

J’ai même visité, dans le coin d’Oka, Basses-Laurentides, des exploitants qui ont mis sur pied des mini-fermes, des scènes de spectacle et des parcs d’amusement qui font le bonheur des enfants comme de leurs parents. 

À peu près tous font la transformation de leurs produits en une variété incroyable de confitures, de compotes, de gelées, de tartes et de pâtisseries. Certains vont jusqu’à concocter des jus et des variétés de cidres qui nous font redécouvrir cet alcool qui rendait malade lors de sa première vague de commercialisation, dans les années 1970, et qui, de nos jours, affiche des saveurs aussi riches et raffinées que diversifiées. J’avoue que le mousseux de pommes me fait craquer, alors que je considère qu’il n’y a jamais eu un alcool aussi sublime que le cidre de glace. Un délice purement québécois qui se compare avantageusement à bien des vins de glace et qui s’offre avec fierté. 

Crédit : Myriam Baril-Tessier -Vignoble-Petit Chariot Rouge

Finale en courges, raisins et blé-d’Inde 

L’autocueillette se diversifie tellement que certaines fermes incitent à ramasser soi-même ses patates, ses carottes, ses navets et tout ce qui mûrit en automne.  

Crédit: La magie de la pomme

Il se trouve aussi des fermes où les cueilleurs peuvent s’approprier les champs après que la machinerie agricole a fait son œuvre, afin de ramasser ce qui se serait autrement perdu. Toutefois, autre marque d’évolution, la nouvelle tendance s’oriente vers l’infini variété de courges et de cucurbitacées qu’on cultive maintenant, dont la cueillette culmine avec la citrouille emblématique de l’Halloween et que trop peu d’entre nous savent cuisiner.  

Une autre tendance veut que des viticulteurs invitent campeurs et touristes à participer aux vendanges lors d’une journée festive où l’on découvre une activité nouvelle en agréable compagnie. 

Pour clore la saison, la chouchoute des cultures automnales demeure sans contredit celle du maïs. Le temps des épluchettes annonce la fin de « la belle saison » avec tous ces plaisirs gustatifs qui s’y chevauchent. 

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