Pour la santé de la planète, de la communauté et des générations futures, la Ferme Aux Petits oignons à Mont-Tremblant a choisi une voie différente, celle de l’innovation sociale en devenant une coop de solidarité à but non-lucratif. Rencontre avec l’agronome fondatrice Véronique Bouchard au cœur de sa campagne de recrutement-financement.
Votée lors de son assemblée générale le 22 novembre dernier, la Ferme aux petits oignons est officiellement devenue une coopérative de solidarité. Son but : impliquer la communauté, valoriser le travail agricole et assurer la pérennité de la ferme.
« Au-delà de notre projet à portée locale, nous espérons aussi développer un nouveau modèle agricole communautaire porteur d’espoir pour les générations futures, permettant à la fois d’atteindre un objectif de résilience alimentaire de nos communautés, d’occupation dynamique du territoire et de valorisation de la profession agricole », explique Véronique Bouchard, reconnue pour ses idées avant-gardistes.
Investissement participatif
Pour devenir membre de soutien, on investit 1000 $. Ce montant est doublé par le fonds Ampli, qui vise à stimuler l’investissement participatif. L’objectif de la campagne est d’amasser 100 000 $, La coopérative compte déjà plus d’une dizaine de membres de soutien en plus des membres travailleurs. D’autres événements seront organisés ces prochains mois pour détailler les différentes façons d’adhérer au projet et de s’impliquer dans la coopérative, que ce soit en termes de bénévolat, de don, d’investissement solidaire ou en devenant copropriétaire.
« Pour contrer les problèmes de rétention de main-d’œuvre et assurer la pérennité de sa ferme, Véronique (appuyée par son équipe) a décidé de faire la transition vers un modèle de co-gestion par ses 30 employés locaux. Un choix que nous sommes très heureux de soutenir, bien au-delà de l’aspect financier. » – Le Centre Desjardins Entreprises Laval-Laurentides qui a octroyé un Fonds C d’une valeur de 5 000 $ à la ferme.
« Les citoyens ne sont souvent pas conscients à quel point ça prend du capital et des ressources pour opérer une ferme. Le taux de survie des petits fermiers est déplorable, on parle d’environ cinq ans. La coopérative permet de répartir le poids de la propriété et de l’endettement. Dans le secteur agricole, le taux de survie des entreprises collectives est plus élevé que celui des entreprises privées », explique Véronique qui a fait sa maîtrise en environnement sur les coopératives de solidarité en agriculture.
Paver la voie
Déjà de nombreuses fermes approchent Véronique pour s’informer sur ce modèle. Si elle est celle qui défriche ce nouveau chemin, elle espère de tout cœur paver la voie pour bien d’autres et ainsi voir les fermiers sortir du modèle dominant. Elle est persuadée que le modèle coopératif apporte plus que jamais un sentiment d’appartenance et un grand sens des responsabilités de chaque membre de son équipe. On sort ainsi de la dynamique du rapport de force employeur-employé et tous avancent avec la même mission.
« Je ne souhaite à personne de suivre un parcours comme le mien. Le modèle actuel apporte un poids énorme aux fermiers de famille, particulièrement aux femmes. Nous devons viser de meilleures conditions de travail grâce à un filet social. La communauté doit prendre soin de ses agriculteurs. Ensemble, nous pouvons changer le visage de l’agriculture! » – Véronique Bouchard
Son grand rêve : mettre en place une fiducie pour conserver le rôle agroécologique de la ferme et des terres à perpétuité.
Pour plus d’info, visitez le site web.
Les particularités de la coop de solidarité
Pérennité : les motifs de cessation d’activité sont nombreux : départ, décès, maladie etc.. Dans ce modèle, les responsabilités sont réparties sur les membres travailleurs et l’implication d’une communauté de membres de soutien.
Fonctionnement démocratique : la structure coopérative permet de mieux prendre en considération les besoins de sa communauté et de trouver des solutions répondant aux besoins individuels et collectifs en cohérence avec sa mission.
Valoriser le travail agricole : si on veut nourrir la communauté, ça prend des bras pour travailler la terre. Il convient donc d’améliorer les conditions de travail, qui sont âpres, et pérenniser les emplois.
Impliquer la communauté : la protection des terres agricoles par une agriculture écologique, régénératrice et résiliente est un enjeu collectif qui devrait être porté par les communautés locales puisqu’il est question de leur bien-être et de leur avenir.
Combiner une mission nourricière, sociale et écologique : on ne peut tout concilier : respect des travailleurs, de l’environnement, accessibilité d’aliments bio produits localement ET profits, rentabilité. De ce fait, la coopérative est à but non lucratif. Tous les surplus sont redistribués aux personnes dans le besoin.
Innover en matière de financement : l’objectif est que la ferme appartienne de plus en plus à la communauté et de moins en moins à la banque grâce aux investissements de ladite communauté.